La qualité de vie des personnes âgées dépend principalement de leur état nutritionnel. Près de la moitié d’entre elles souffrent de malnutrition à leur entrée à l’hôpital et la fréquence d’un déséquilibre alimentaire à domicile est largement sous-estimée. Les conséquences de la malnutrition sont graves puisqu’elles diminuent les capacités fonctionnelles concourant ainsi à la perte d’autonomie. Or, des études épidémiologiques avec efficacité, de façon simple et accessible à tous.
Les différents types de dénutrition
La dénutrition relève de trois phénomènes :
Dénutrition exogène
Dénutrition endogène
Dénutrition mixte, exogène et endogène.
La dénutrition exogène
Elle est définie par des apports alimentaires insuffisants en quantité et qualité. De multiples causes peuvent être responsables de cet état de fait.
Des causes sociales, avec des revenus qui baissent lors du passage à la retraite, un isolement par veuvage ou éloignement des enfants, les repas n’étant plus alors un moment fort de la journée.
Des handicaps multiples, moteurs, visuels, intellectuels, gênant les courses ou la confection du repas , sont autant de raisons rendant difficile, votre impossible, une alimentation correcte.
La prise de médicaments est souvent incriminée, un tiers ou plus de la pharmacopée française étant potentiellement anorexigène, soit par effet direct sur l’appétit, soit indirectement par le biais d’une sécheresse bucale ou d’une modification du goût (certains médicaments donnent un goût métallique dans la bouche).
La dénutrition endogène
SON APPARITION
Elles survient chaque fois qu’existent des phénomènes infectieux (grippe, septicémie), nécrotiques (infarctus, escarres), des réparations tissulaires (plaies, fractures) ou états inflammatoires (cancer, etc.).
Ces situations vont déclencher un processus inflammatoire, qui repose en grande partie sur la sécrétion de cytokines, substances produites par les cellules du système monocytes macrophages (globules blancs), qui vont activer à leur tour des cellules spécialisées dans la lutte contre l’infection, la détorsion des foyers de nécrose, la réparation tissulaire.
SES CONSÉQUENCES
Ces substances hormonales vont mobiliser les réserves, afin de fournir aux différentes cellules spécialisées de quoi fonctionner. Il existe ainsi un catabolisme musculaire, graisseux, osseux, qui libère du sucre, des protéines, du calcium… Ce catabolisme explique la perte de poids au cours des phénomènes pathologiques. La fonte musculaire explique, quant à elle, la disparition de la faculté de marcher pour les personnes âgées, au décours d’une grippe par exemple. Il n’est d’ailleurs pas rare que les sujets âgés se grabatisent pour cette raison.
Ces substances sont également à l’origine de la fièvre et de la synthèse des protéines de l’inflammation, que l’on peut doser par simple prise de sang, comme la CRP (C réactive protéine) ou l’orosomucoïde.
UN EFFET ANOREXIQUE PROLONGÉ
Deux de ces protéines ont un effet ennuyeux : le TNF (tumor necrosis factor) ou cachectine et l’IL-1 (interleukine 1). Toutes deux ont une action anorexigène prolongée qui explique l’anorexie persistante des personnes âgées pendant et au décours d’un épisode aigu. Elle explique pourquoi les anciens pensaient que la mise à la diète était une bonne chose en cas de maladie. Ces substances provoquent l’anorexie par effet direct, au niveau du système nerveux central, sur le centre de la satiété qu’elles stimulent. Cette anorexie favorise et aggrave une malnutrition préexistante à l’épisode aigu, qui à son tour va favoriser la survenue d’épisodes aigu, qui à son tour va favoriser la survenue d’épisodes aigus, les défenses de l’organisme étant affaiblies.
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Dénutrition mixte, endogène et exogène
Comme toujours en gériatrie, de multiples causes sont imbriquées : sociales, médicales. Elles vont aboutir à des dénutritions relevant des deux mécanismes précédents. On parle alors de dénutrition mixte, associant des causes exogènes et endogènes.
Diagnostic et soins
La reconnaissance par dosages
Pour cela, outre l’analyse clinique, la biologie va permettre de différencier une dénutrition endogène, d’une exogène.
Dans la dénutrition exogène, il n’y a pas à proprement parler de maladie aiguë, infectieuse ou autre. Le dosage des protéines de l’inflammation (CRP, orosomucoïde) sera négatif.
En revanche, dans les dénutritions endogènes, ces marqueurs de l’inflammation seront élevés.
La gravité et l’ancienneté de la dénutrition seront identifiées à partir du dosage de deux protéines dans le sang : l’albumine et la préalbumine. Si seule la préalbumine est est abaissée, cela signifie que la dénutrition est récente (environ 48h). Une albumine basse signe au contraire une dénutrition supérieure à trois semaines.
À l’inverse, albumine basse, avec une préalbumine qui remonte ou est normalisée, signifie que l’on a affaire a une dénutrition anciennes en cours de correction.
La renutrition est trois fois plus lente à agir
La dénutrition du sujet âgé relève de causes multiples et de deux mécanismes principaux, parfaitement identifiables grâce à l’entretien avec le patient et par des dosages biologiques aisément accessibles à tous. La correction de cette dénutrition est longue et nécessite des apports soutenus pendant une durée triple de celle de l’épisode aigu. Une grippe qui a duré dix jours dois entraîner une suralimentation pendant un mois. Si cette supplémentation n’est pas faite, elle aboutit à un épuisement progressif des réserves, qui seront insuffisantes pour lutter contre un nouvel épisode aigu, dont l’issue sera fatale.
Where there is a will, there is a way.